Audomaro Hidalgo lee poesía francesa actual. Nos acerca al trabajo de Guillaume Condello (Niza, 1978). Es poeta y traductor del inglés. Desde 2017 dirige, junto con los poetas Laurent Albarracin y Pierre Vinclair, la revista en línea Catastrophes. Ha traducido las Odes de Sharon Olds (Le corridor bleu, 2020). Los siguientes poemas pertenecen al libro Alexandre (Dernier Télégramme, 2016).
Intrant(s)
ne vous offensez pas si
ici commencent les hymnes
des hommes des chiens
à chanter morts
pour écouter ils sont
silencieux sauf peut-être
une sorte de cadence
sous la voûte
c’est le ciel immobile peut-être
sous la voûte qui
craque et grince qui
saura dire cela devant
ou derrière toujours
nous
et la voix des morts
ne vous offensez pas
j’étais aussi de ces chiens dont parle
un livre
de mots morts
sur une île
et leur voix sur la plage
enroulée et sans cesse
écroulée
dans un livre
dit
écoutez
au début il y avait
un homme dit-on c’est
le Prince on le voit
ou un dieu
sur le sol
on l’appelle aussi
le rassembleur on le voit
et sa grande armée c’est tout un peuple
dit-on
et une cohorte des bibelots des sacs
sur le dos son père
à porter on dit tradition colonne mobile
de la pestilence
lourd à porter de toutes façons
c’est pour l’oubli chacun apporte
un sac de mots
à jeter
l’eau noire les absorbe
pour que mon nom ne soit pas pourri
écoutez
je suis un prêtre des morts
et je prends soin d’eux
j’ai vu la cité dolente
au travail
et ses totems
électriques tout le jour
j’ai vu
rien de plus que
la cité et tous
l’ont vu
écoutez tout de même
la cité
sur le sol quelconque
c’est là
un lieu innommable regardez
c’est là que vivent
les animaux
périssables
et la terre
de personne
dessus
on voit les colonnes
dressées de la pestilence
elles avancent droit
devant sous soleils suants
ils s’accrochent au sol
comme ils peuvent
écoutez les animaux
sous les soleils
immuables de néon on les voit
jouer ou regarder ou
marcher pourquoi
entre les colonnes
antiques elles attendent
le rassembleur des touristes
passent
regardez
les paysages bucoliques cartes
postales dépliées
pour indiquer les chemins ou
perdus
la zone à perte de vue
et ses lumières et
son rassembleur
impossible
c’est là que je vais
quêtant les échos
du grand nom
inaudible sauf peut-être
des morts
écoutez
les colonnes de plastique
pour qui
parcs
et derrière les grillages ce sont
décors à
l’infini c’est la zone regarde
comme c’est beau
on peut y voir
la cité
au travail
Intrant(s)
no se ofendan
si aquí comienzan los himnos
de los hombres de los perros
para cantar muertos
para escuchar están
callados salvo quizá
una especie de cadencia
bajo la bóveda
quizá es el cielo inmóvil
bajo la bóveda que
cruje y rechina que
sabrá decir eso delante
o detrás siempre
nosotros
y la voz de los muertos
no se ofendan
yo era también uno de esos perros de los que habla
un libro
de palabras muertas
en una isla
y sus voces en la playa
enrollada y sin cesar
derrumbada
en un libro
dicho
escuchen
al principio había
un hombre dicen que es
el Príncipe se le ve
o un dios
en la tierra
también se le llama
el que nos reúne se le ve
y su gran ejército es todo un pueblo
dicen
y una cohorte de baratijas bolsas
en la espalda su padre
que llevar se dice tradición columna móvil
de la pestilencia
pesado para llevar de todos modos
es para el olvido cada uno trae
un saco de palabras
para tirar
el agua negra las absorbe
para que mi nombre no se pudra
escuchen
soy un sacerdote de los muertos
y cuido de ellos
vi la ciudad doliente
trabajando
y sus tótems
eléctricos todo el día
vi
nada más
que la ciudad y todos
la vieron
escuchen aún así
la ciudad
en el suelo cualquiera
es allí
un lugar innombrable miren
es allí donde viven
los animales
perecederos
y la tierra
de nadie
abajo
se ven las columnas
erguidas de la pestilencia
avanzan derecho
ante soles sudorosos
que se aferran al suelo
como pueden
escuchen los animales
bajo los soles
inmutables de neón se les ve
jugar o mirar o
caminar ¿por qué?
entre las columnas
antiguas esperan
al anfitrión de los turistas
pasen
miren
los paisajes bucólicos tarjetas
postales desplegadas
para indicar los caminos
perdidos
la zona que se pierde de vista
y sus luces y
su anfitrión
imposible
es allí donde voy
buscando ecos
del gran nombre
inaudible salvo quizá
de los muertos
escuchen
las columnas de plástico
¿para quién?
parques
y detrás de las vallas
decorados
infinitos es la zona mira
qué hermosa es
se puede ver
la ciudad
trabajando
Le grand nom de mon père (3)
comment peut-on
disait-il
avoir même langage
que son père
et non pas de mon peuple
moi
je vais quêtant les échos
disait-il
du grand nom
je vais dans les échos
des fusils ils ont
même langage
que mon père
comment peut-on dire
le bruit de sa mort
sous la cendre
tiède encore des échos
il est entré
dans la ville
qui a nom (…)
moi
j´aurais fait tirer s´il avait fallu
disait-il
(mais personne n´a entendu)
ils sont entrés
par les portes ils ont tiré
sur sol sec
on voit encore les traces des murs
écroulés
débris de temples colonnes cassées
ville de mort
on dit nécropole écoute
les cigales
multipliées
et les impacts dans la pierre
mais (…) a caché jusqu´au bruit
de sa mort
je vais quêtant
et personne
n´entend
les échos
du grand nom de mon père
pour inscrire
au sol sec
une trace une ville c´est tout un
endroit singulier toujours
identique
et un lignage
impossible
du grand nom de mon peuple
je vais
dans les échos quêtant
multipliées
les pierres
muettes au début
mais il n´y a rien
à voir
écoute
je viens disait-il pour traiter d´une affaire
à moi
mais y en-a-t-il
à moi
et non de mon peuple
seul j´attends
mon peuple
El gran nombre de mi padre (3)
cómo se puede
decía
tener el mismo lenguaje
que su padre
y no de mi pueblo
yo
voy buscando los ecos
decía
del gran nombre
voy entre los ecos
de los fusiles tienen
el mismo lenguaje
que mi padre
cómo se puede decir
el ruido de su muerte
bajo la ceniza
aún tibia de los ecos
entró a la ciudad
que tiene por nombre (…)
yo
habría disparado si hubiera sido necesario
decía
(pero nadie escuchó)
entraron
por las puertas dispararon
en seco
todavía se ven restos de los muros
derrumbados
escombros de templos columnas rotas
ciudad de muerte
se dice necrópolis escucha
las cigarras
multiplicadas
y los impactos en la piedra
pero (…) ocultó hasta el ruido
de su muerte
voy buscando
y nadie
escucha
los ecos
del gran nombre de mi padre
para inscribir
en la tierra seca
un trazo una ciudad es todo un
lugar singular siempre
idéntico
y un linaje
imposible
del gran nombre de mi pueblo
voy
entre los ecos buscando
las piedras
multiplicadas
mudas al principio
pero no hay nada
que ver
escucha
vengo decía para tratar un asunto
mío
y no de mi pueblo
solo yo espero
a mi pueblo
La cité dolente (7)
à présent mon fils
s´approche
au bord du
présent s´approche
la cité
qui a nom : (…)
et regarde
ces choses
les nations
ont pour divinités
ces choses
il faut en parler car
des animaux immondes
on en a parlé
la cité devant
la plaine c´est
un spectacle horrible :
ces choses sont
ignorées et insolubles
avec ses habitants
meurtris avec
sa grande armée c´est un spectacle
et bien d´autres choses
plus honteuses
à rapporter
à dire pour découvrir
pour quelles raisons s´approche
la cité
dans la plaine d´inondation
et le son nait
d´un corps plié sous
la plaine
plié c´est un spectacle
mon fils
au retour du
présent au pays
ce qui s´est passé
en tes foyers
je dirais cela
ce qui a changé c´est
la cité sans
feu ni lois et
des animaux immondes
travaillent dans
la cité sans
relâche tes armes
dans la plaine
ce sont des choses
qu´il faut dire
à présent
je n´y suis pas
le silence recouvre
ta face dans
la cité sans ses habitants
marchent
devant toutes
les œuvres des hommes
ce qu´il y a à dire
à présent va
regarde les nations ignorées et
pauvre livre
dit des choses
insolubles sous le silence
continu des
œuvres des hommes
meurtris à présent
avance
vers la cité
où je ne suis pas
admis
La ciudad doliente (7)
ahora mi hijo
se acerca
al borde
del presente se acerca
la ciudad
que tiene por nombre (…)
y mira
esas cosas
las naciones
tienen por divinidades
esas cosas
debemos hablar de eso porque
de los animales inmundos
se habló
la ciudad ante
la llanura es
un horrible espectáculo:
esas cosas son
ignoradas e insolubles
con sus habitantes
oprimidos con
su gran ejército es un espectáculo
y otras cosas
más vergonzosas
que contar
que decir para descubrir
porqué razones se acerca
la ciudad
en la llanura de inundación
y el sonido que nace
de un cuerpo doblegado bajo
la llanura
es un espectáculo doblegado
mi hijo
a la vuelta
del presente en el país
lo que sucedió
en tus hogares
yo diría
lo que cambió es
la ciudad sin
fuego ni leyes y
animales inmundos
trabajan en
la ciudad sin
descanso tus armas
en la llanura
son cosas
que debemos decir
ahora
no estoy
el silencio recubre
tu rostro en
la ciudad sin sus habitantes
caminan
ante todas
las obras de los hombres
ahora va
lo que hay que decir
mira las naciones ignoradas y
mi pobre libro
dice cosas
insolubles bajo el silencio
continuo
de las obras de los hombres
oprimidos ahora
avanzo
hacia la ciudad
donde no soy
admitido
Tu ne témoigneras pas contre lui (8)
il est entré
pour dire cela
je ne suis pas prophète
ni fils de prophète
je suis
entré dans la ville et ta femme
par les portes
se prostituera
disait-il
personne
n´écoutait le bruit des armes
j´aurais fait tirer disait-il
s´il avait fallu mais
comment savoir
avant
je ne suis pas voyant
ni prophète pendus
aux murs de la ville
on pouvait lire
les placards disant
tout village
et une révolte
tu ne prophétiseras pas contre lui
dans la ville
pendant que les autres sont aux champs
et leurs armes sous les feuilles
luisent
dans leurs yeux ce sont des fumées
à venir mais
comment savoir
cela
n´est pas encore
voici
j´ai fait un songe
dans la ville
ton sol sera partagé au cordeau
disait-il
pour y creuser des puits
et la liberté
ils creusèrent des trous
et une révolte
on verra ton peuple
sera déporté de dessus son sol
disait-il
dans le sable
et un sol impur
et la justice des flammes
c´est ce qu´ils veulent
on verra bien
on verra
tes fils et tes filles tomberont
par l´épée
et toi
tu mourras dans la bouche
disait-il mais
personne n´écoutait
le bruit
des armes sous
les feuilles bougeaient
une légère brise
on n´entendait rien
le bruit des feuilles
silencieuses
une légère brise et
la justice
dans les villes
des flammes
pas encore
éteintes
les autres attendent
chez eux tremblants
sous les feuilles
No declararás en su contra
entró
para decir esto
no soy profeta
ni hijo de profeta
soy
entré en la ciudad tu mujer
se prostituirá
en las puertas
decía
nadie
escuchaba el ruido de las armas
habría disparado decía
si hubiera sido necesario pero
cómo saber
antes
no soy vidente
ni profeta colgados
en los muros de la ciudad
se podía leer
los armarios que dicen
cada pueblo
y una revuelta
no profetizarás en su contra
en la ciudad
mientras que los otros están en los campos
y sus armas bajo las hojas
brillan
en sus miradas son humos
que vendrán pero
cómo saber
eso
no es todavía
tuve un sueño
en la ciudad
tu tierra será repartida
decía
para cavar pozos
y la libertad
cavarán agujeros
y una revuelta
se verá a tu pueblo ser deportado de su tierra
decía
en la arena
y una tierra impura
y la justicia de las llamas
eso es lo que quieren
ya veremos
veremos
a tus hijos y tus hijas caer
por la espada
y tú
morirás por la boca
decía
pero nadie escuchaba
el ruido
de las armas bajo
las hojas movían
una ligera brisa
no se escuchaba nada
el ruido de las hojas
silenciosas
una ligera brisa y
la justicia
en las ciudades
de las llamas
aún
vivas
los otros esperan
en casa temblando
bajo las hojas
La voix des morts (26)
sur la barque qui avance des noms
incertains
je vais quêtant
dans les échos
des morts
en vérité
j´ai parachevé mon voyage vers
la cité des morts voici
mon âme qui avance
incertaine
quêtant quelques échos d´un voyage
incertain c´était
au commencement mais il n´y a pas eu
de premier homme
et son nom secret seuls
les chiens le connaissent regarde
devant la cité douloureuse
qui approche sous la lame
de l´étrave pour
fendre les noms et trouver
rien d´autre que
les noms
sur la barque des morts
chargée des malles de linge
et les bijoux il fallait voir
tout cela oui
vendu
j´ai vendu du bavardage de vainqueur
aux chiens
après avoir beaucoup erré
je suis rentré mais
ce n´est plus la même ville ce n´est plus
le même homme
s´il en est un
parmi les chiens
sur la barque des bêtes qui
crient
appuyées au bastingage elles regardent
l´eau lourde ce sont des noms
secrets ou
oubliés
peut-être mais
il n´y a pas de retour
possible
disait-il mais tous marchent
vers la lumière
des néons immuables
ils cherchent
un passage
sur la barque des mots
inutiles
et le souvenir rance des mots
des morts
je ne suis pas venu disait-il
pour apporter la paix mais
pour m´occuper des morts en vérité
je ne suis pas venu
pour apporter la guerre mais
on ne cherche pas la paix
avec les morts
pour obtenir la guerre mais
leurs noms secrets ce sont
des armes peut-être ou
des marchandises à fond de cale
qui dorment battus
par les échos
disait-il je te connais
par ton nom secret mais
il n´y en a pas en vérité
au bout du voyage
j´ai parachevé
mon nom
pour obtenir la paix
avec les noms
des chiens
La voz de los muertos
en la barca que avanza nombres
inciertos
voy buscando
en los ecos
de los muertos
en realidad
completé mi viaje
en la ciudad de los muertos he aquí
mi alma que avanza
incierta
buscando algunos ecos de un viaje
incierto era
en el comienzo pero no hubo
primer hombre
y su nombre secreto sólo
los perros lo conocen mira
delante la dolorosa ciudad
que se aproxima bajo la cuchilla
de la proa para
cortar los nombres y encontrar
nada más que
los nombres
en la barca de los muertos
cargada de baúles de ropa
y las joyas era necesario
todo eso sí
vendido
vendí chismes de vencedor
a los perros
después de haber errado mucho
he vuelto pero
ya no es la misma ciudad ya no es
el mismo hombre
es uno
entre los perros
en la barca de las bestias que
gritan
reclinándose contra la barandilla miran
el agua densa son nombres
secretos
olvidados
tal vez pero
no hay vuelta atrás
decía
pero todos caminan
hacia la luz
de neones inconmovibles
buscan
un pasaje
en la barca de las palabras
inútiles
y el recuerdo rancio de las palabras
de los muertos
no he venido decía
a traer la paz sino
para encargarme de los muertos en realidad
no he venido
a traer la guerra pero
no se busca la paz
con los muertos
para obtener la guerra pero
sus nombres secretos son
armas tal vez o
mercancías embodegadas
que duermen abatidas
por los ecos
te conozco decía
por tu nombre secreto pero
en realidad no existe
al final del viaje
completé
mi nombre
para obtener la paz
con los nombres
de los perros