Presentamos en versión del poeta Raúl Durán (Mazatlán, 1995) cuatro poemas de René Daumal (1908-1944), poeta, novelista, crítico y ensayista francés. Bajo el influjo del surrealismo, Daumal escribió la mayor parte de su obra que cesó por su muerte a los 36 años debido a una tuberculosis. Algunas de sus obras son La grande beuverie, Le mont analogue y Tu t’es toujurs trompé.
La desilusión
Blanco y negro y blanco y negro,
atención, voy a enseñarles a morir,
cierren los ojos, aprieten los dientes,
¡clac! Ya ven, no es difícil,
no hay allí nada de asombroso.
Les hablo sin pasión,
negro y blanco y negro y blanco,
¡clac! Ven que se hace rápido,
les hablo sin amor,
y sin embargo saben bien…
-hay que ser evidente hasta lo absurdo-
Blanco y negro y blanco y negro y negro y blanco,
si nuestras almas intercambiaran sus cuerpos
no habría ningún cambio,
así que no hablen más de cuerpos ni de almas.
Blanco, negro, ¡clac! Es la única cosa
que podemos comprender enteramente
(¿y no hay en eso nada de trágico?)
Les hablo sin pasión,
blanco, negro, blanco, negro, clac,
y es mi aullido inacabable de muerto,
ese aullido blanco, ese hoyo negro…
¡Oh! Ustedes no escuchan,
ustedes no existen,
estoy solo a morir.
Breve revelación sobre la muerte y el caos
Tú que fuiste olvidado en esa tumba moviéndose,
es a mí a quien hablo y mi doble me mata,
en el aire estatua de sal y en el agua burbuja,
cuando el cielo se mezcle con el mar,
la sal del agua por todos lados sin partes distinguibles
y sin corazón y sin nombre, inmenso —¿soy yo?
¿eres tú, la burbuja en el aire de vuelta
sin su poco dinero?
Una voz última, la nuestra,
para vaciar todas las lágrimas de un golpe,
y ni yo ni tú, atención:
LA BOCA SE HABRÁ COMIDO A LA OREJA. LA VOZ VERÁ.
Basta una palabra
Nombra si puedes tu sombra, tu miedo
y muéstrale el revés de tu cabeza,
el revés de tu mundo y si puedes
pronúnciala, la palabra de la tempestad,
si te atreves rasga el silencio
tejido de risas mudas, —si te atreves
sin ayuda romper la esfera,
deshacer el nudo,
todo solo, todo solo, y planta allí tus ojos
y ve ciego hacia la noche,
ve hacia tu muerte que no te ve,
sólo si te atreves rasga la noche
cubierta de pupilas muertas,
sin ayuda si te atreves
sólo ir desnudo hacia el mar de muertos —
en el corazón de su corazón tu pupila reposa—
escúchala llamarte: hijo mío
escúchala llamarte por tu nombre.
Después
Renaceré sin corazón,
siempre en el mismo cosmos,
siempre con la misma cabeza,
las mismas manos,
quizá distintos colores,
pero eso no será ningún consuelo.
Seré cruel y solitario
y comeré serpientes
e insectos crudos.
No hablaré a nadie
sino en palabras de insectos
o de serpientes desnudas,
en palabras que vivirán y reirán a pesar de mí.
La désillusion
Blanc et noir et blanc et noir,
attention, je vais vous apprendre à mourir,
fermez les yeux, serrez les dents,
clac ! vous voyez, ce n’est pas difficile,
il n’y a là rien d’étonnant.
Je vous parle sans passion,
noir et blanc et noir et blanc,
clac ! vous voyez qu’on s’y fait vite,
je vous parle sans amour,
et pourtant vous savez bien…
-il faut être évident jusqu’à l’absurde –
Blanc et noir et blanc et noir et noir et blanc,
si nos âmes échangeaient leurs corps,
il n’y aurait rien de changé,
alors ne parlez plus de corps ni d’âmes.
Blanc, noir, clac ! c’est la seule chose
qu’ensemble nous pouvons comprendre,
(mais n’est-ce pas qu’il n’y a là rien de tragique ?)
Je vous parle sans passion
blanc, noir, blanc, noir, clac,
et c’est mon éternel cri de mourant,
ce cri blanc, ce trou noir…
Oh ! Vous n’entendez pas,
vous n’existez pas,
je suis seul à mourir.
Brève révélation sur la mort et le chaos
Toi qui t’es oublié dans ce tombeau mouvant,
c’est à moi que je parle et mon double me tue,
dans l’air statue de sel et dans l’eau bulle,
lorsque le ciel sera mêlé à l’océan,
le sel dans l’eau partout sans membres distingués
et sans cœur et sans nom, étendu — est-ce moi ?
est-ce toi, la bulle à l’air rendue
sans sa peau d’argent?
Une voix dernière, la nôtre,
pour vider toutes les larmes d’un seul coup,
et ni moi ni toi, attention:
LA BOUCHE AURA MANGÉ L’OREILLE. LA VOIX VERRA.
Il suffit d’un mot
Nomme si tu peux ton ombre, ta peur
et montre-lui le tour de sa tête,
le tour de ton monde et si tu peux
prononce-le, le mot des catastrophes,
si tu oses rompre ce silence
tissé de rires muets, — si tu oses
sans complices casser la boule,
déchirer la trame,
tout seul, tout seul, et plante là tes yeux
et viens aveugle vers la nuit,
viens vers ta mort qui ne te voit pas,
seul si tu oses rompre la nuit
pavée de prunelles mortes,
sans complices si tu oses
seul venir nu vers la mère des morts —
dans le cœur de son cœur ta prunelle repose —
écoute-la t’appeler : mon enfant,
écoute-la t’appeler par ton nom.
Après
Je vais renaître sans coeur,
toujours dans le même univers,
toujours portant la même tête,
les mêmes mains,
peut-être changées de couleurs,
mais cela même ne me consolerait point.
Je serai cruel et seul
et je mangerai des couleuvres
et des insectes crus.
Je ne parlerai à personne,
sinon en paroles d’insectes
ou de couleuvres nues,
en mots qui vivront et riront malgré moi.
Raúl Durán (Mazatlán, 1995), poeta. Es estudiante de Lengua y Literatura Hispánicas en la Universidad Autónoma de Sinaloa. Ha colaborado en diversas revistas literarias y congresos estudiantiles.