Presentamos una muestra de la poeta Renée Vivien (1877-1909), poeta nacida en Londres con el nombre de Pauline Mary Tarn. Su poesía se destaca por continuar con las poéticas francesas del siglo XIX. Fue abiertamente lesbiana y mantuvo una relación con la también poeta Natalie Clifford Barney. La traducción es del poeta y pintor Missi Alejandrina, quien fue becario Interfaz Oaxaca 2016.
Ondina
Tu risa es clara, tu caricia profunda,
Tus fríos besos disfrutan el mal que hacen;
Tus ojos son azules como lotos sobre el agua,
Y los lirios impuros comparados con tu frente.
Tu forma huye, tu andar flota,
Y tus cabellos son finas enredaderas;
Tu voz se derrama como una pérfida corriente;
Tus flexibles brazos asemejan juncos,
Largos juncos de río, la abrazan,
Estrechan, ahogan, ahorcan con delicadeza,
En el fondo de las olas, una agonía apagada
En un nocturno desvanecimiento.
Ondine
Ton rire est clair, ta caresse est profonde,
Tes froids baisers aiment le mal qu’ils font ;
Tes yeux sont bleus comme un lotus sur l’onde,
Et les lys d’eau sont moins purs que ton front.
Ta forme fuit, ta démarche est fluide,
Et tes cheveux sont de légers réseaux ;
Ta voix ruisselle ainsi qu’un flot perfide ;
Tes souples bras sont pareils aux roseaux
Aux longs roseaux des fleuves, dont l’étreinte
Enlace, étouffe, étrangle savamment,
Au fond des flots, une agonie éteinte
Dans un nocturne évanouissement.
A la perversa Ofelia
Las evocaciones de mi fría locura
Reaniman los reflejos sobre la ciénaga estancada
Donde flota tu mirada ¡Oh perversa Ofelia!
El agua muerta posee, en la noche, languidez de lagunas,
Y he aquí, esparciendo agonía y amor,
Al otoño de cabellos rojos entreverados con hojas cafés.
Allá donde mis deseos te reencuentran, ciñendo
Con iris azules tu silencio y tu melancolía,
Allá donde los ecos se burlan alejándose.
La sombra sigue lentamente la lenta partida del día.
Como una reminiscencia de antiguos infortunios,
El viento jadea, y la noche prepara su retorno.
Yo sondeo la nada de mi fría locura.
¿Te he ahogado ayer en la ciénaga estancada
Donde flota tu mirada, oh perversa Ofelia?
¿He errado, en la tarde, dolorosa, y ciñendo
De iris azules tu silencio y tu melancolía
Mientras los ecos se burlan alejándose?
¿El agua calma posee aún los resplandores de las lagunas?
¿Ves tú inclinarse sobre sobre tu difunto amor
Al otoño de cabellos rojos entreverados con hojas cafés?
¿He llorado tu muerte en el enigma del día
Que desaparece, cargado de esperanzas e infortunios?…
-¡Oh ritmo sin despertar, oh risa sin retorno!
À la perverse Ophélie
Les évocations de ma froide folie
Raniment les reflets sur le marais stagnant
Où flotte ton regard, ô perverse Ophélie !
C’est là que mes désirs te retrouvent, ceignant
D’iris bleus ton silence et ta mélancolie,
C’est là que les échos raillent en s’éloignant.
L’eau morte a, dans la nuit, les langueurs des lagunes,
Et voici, dispensant l’agonie et l’amour,
L’automne aux cheveux roux mêlés de feuilles brunes»
L’ombre suit lentement le lent départ du jour.
Comme un ressouvenir d’antiques infortunes,
Le vent râle, et la nuit prépare son retour.
Je sonde le néant de ma froide folie.
T’ai-je noyée hier dans le marais stagnant
Où flotte ton regard, ô perverse Ophélie?
Ai-je erré, vers le soir, douloureuse, et ceignant
D’iris bleus ton silence et ta mélancolie,
Tandis que les échos raillent en s’éloignant?
L’eau calme a-t-elle encor les lueurs des lagunes?
Et vois-tu s’incliner sur ton défunt amour
L’automne aux cheveux roux mêlés de feuilles brunes?
Ai-je pleuré ta mort dans l’énigme du jour
Qui disparaît, chargé d’espoirs et d’infortunes?…
— O rythme sans réveil, ô rire sans retour
A la hechicera
El despertar perturba la paz de tus párpados
Lejos ha florecido la luciérnaga con luces
La pradera, y los asfódelos con suspiros de amor.
La noche llega: Corre, mi extraña compañera,
La luna ha reverdecido el azul de la montaña,
La noche es para nosotros lo que para otros el día.
Yo no entiendo, en medio de los bosques taciturnos,
Nada sino el ruido de tú túnica y de las alas nocturnas,
El acónito abre bajo tus pasos.
Exhala sus perfumes de venenos y ebriedad.
Tus cabellos desanudados hacen para ti, ¡oh matriarca mía!,
Un purpura sanguíneo que las reinas no poseen.
Pues mi deseo te acecha y reclama su presa,
¡Que tu sollozo responda a mis lágrimas de alegría!
Los áureos ojos de los búhos se parecen a tus ojos
Que sondean los espíritus, que escrutan las tinieblas,
Que ven el destino de las fúnebres auroras
Y las sombra de la muerte sobre el lecho de los dioses.
À la s0rcière
Le réveil vient troubler la paix de tes paupières.
La luciole au loin a fleuri de lumières
Les prés, et l’asphodèle a des souffles d’amour.
La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne,
Car la lune a verdi le bleu de la montagne,
Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour.
Je n’entends, au milieu des forêts taciturnes,
Que le bruit de ta robe et des ailes nocturnes,
Et la fleur d’aconit déclose sous tes pas.
Exhale ses parfums de poison et d’ivresse.
Tes cheveux dénoués te font, ô ma Maîtresse !
Une pourpre de sang que les reines n’ont pas.
Et puisque mon Désir te guette et veut sa proie,
Que ton sanglot réponde à mes larmes de joie !
Les yeux d’or des hiboux sont pareils à tes yeux
Qui sondent les esprits, qui scrutent les ténèbres,
Qui voient dans l’avenir les aurores funèbres,
Et l’ombre de la mort sur la couche des Dieux.