Wittokp es la autora de libros extraños, densos, macabros, inquietantes como Le Nécrophile, Sérénissime assassinat, Hemlock, La Mort de C. y Le Sommeil de la raison. Los poemas que se presentan a continuación pertenecen al libro Litanies pour une amante fúnebre, 2017. © Le Vampire actif.
Quand je serai
Quand je serai la longue chrysalide
Gisant dans les caves d’un hôpital,
Quand mon front sera d’opale,
Ma chevelure sèche et noyée,
Mon corps une corne creuse
Où mugiront les tritons de la mort,
Mes doigts d’os gantés de cuir mou,
Mes yeux de chaux, astéries torturées,
Quand ma gorge sera gonflée d’algues de peau
Et mon cerveau une huître corrompue,
Où garderai-je l’or et l’encens de tes seins,
Où l’ultime écho de ton nom ?
Cuando sea
Cuando sea la larga crisálida
yaciendo en las cavas de un hospital,
cuando mi frente sea de ópalo,
mi cabello seco y hundido,
mi cuerpo un cuerno hueco
donde rugirán los tritones de la muerte;
mis manos de hueso enguantadas de cuero suave,
mis ojos de cal como estrellas de mar torturadas;
cuando mi garganta esté llena de algas
y mi cerebro sea una ostra corrompida,
¿dónde guardaré el oro y el incienso de tus senos?
¿dónde el último eco de tu nombre?
(Litanies pour une amante fúnebre, 2017. © Le Vampire actif)
Prière un instant
Remets ton masque, ma mère,
Pour que je te reconnaisse,
Remets ton masque, ma mère,
Pour que la peur m’abandonne,
Remets ton masque, ma mère,
Pour voiler ton sang noirci,
Remets ton masque, ma mère,
Pour que ne pue ta charogne,
Remets ton masque, ma mère,
Pour recouvrir tes vers blancs,
Remets ton masque, ma mère,
Pour éponger tes coulées.
Remets ton masque, ma mère,
Pour en adorer tes lèpres.
Remets ton masque, ma mère,
Pour vêtir des chancres mous.
Remets ton masque, ma mère,
Malgré ta haine pour moi.
Remets ton masque, ma mère,
Pour me cacher le miroir
Où j’apercevrai la mort.
Orar un instante
Ponte la máscara, madre,
para que te reconozca.
Ponte la máscara, madre,
para que el miedo me abandone.
Ponte la máscara, madre,
para ocultar tu sangre negra.
Ponte la máscara, madre,
para que no apeste tu carroña.
Ponte la máscara, madre,
para cubrir tus gusanos blancos.
Ponte la máscara, madre,
para limpiar tus fluidos.
Ponte la máscara, madre,
para adorar tus lepras.
Ponte la máscara, madre,
para vestirte de chancros dulces.
Ponte la máscara, madre,
a pesar de tu odio hacia mí.
Ponte la máscara, madre,
para esconderme en el espejo
donde pueda ver la muerte.
(Litanies pour une amante fúnebre, 2017. © Le Vampire actif)
Thérèse
Seigneur, j’ai vidé toutes les lies,
Seigneur, j’ai heurté le fond des ruisseaux,
Seigneur, j’ai dépouillé les ailes de l’esprit.
Dans la cathédrale couleur de rose,
Je veux retrouver la sombre mollesse
Des entrailles premières et du sommeil.
Seigneur, laissez-moi ronger vos ongles
Et lécher le sang de vos pieds,
Laver les fanges de tous vos sépulcres,
Balayer des myriades de diamants,
Esclave des latrines, couronnée de lis.
Les livres sont chancis, mon désespoir immense
Car l’infini des mondes me crucifie
Et de ne pas tournoyer parmi les soleils.
Seigneur, que je m’accroche à vous comme une tique
Et me gorge des eaux de votre flanc !
Teresa
Señor, vacié todas las lías,
golpee el fondo de los arroyos,
le quité las alas al espíritu.
En la catedral color de rosa,
quiero volver a la blanda oscuridad
de las entrañas primeras y del sueño.
Señor, déjame comerte las uñas,
lamer la sangre de tus pies,
lavar el fango de todos tus sepulcros,
barrer miríadas de diamantes,
esclava de las letrinas, coronada de lirios.
Los libros están mohosos; mi desesperación es inmensa
porque el infinito de los mundos
y el no girar entre los soles me crucifica.
Señor, me aferro a ti como una garrapata.
¡Y me lleno de las aguas de tu costado!
(Litanies pour une amante fúnebre, 2017. © Le Vampire actif)
Noche de agosto
Ivre, Hékate clame son rut
Avant de s’unir à Saturne.
Nuit d’août, la peste fermente,
Les papillons s’éraillent aux tombeaux.
Fétide, des chevilles la veine éclate,
Sur le torse une corde bleue se tend.
L’os perce la peau du gant,
L’hymen violace, gonfle et crève,
Des glus gouttent sur de crapuleux souliers,
L’œil s’effiloche, escalier tournant
Et, dans le grondement, des étoiles roulantes,
La tricéphale aboie aux abîmes du temps.
Noche de agosto
Ebria, Hékate clama su ardor
antes de unirse a Saturno.
En la noche de agosto, la peste fermenta,
las mariposas arañan las tumbas.
Fétida, una vena de los tobillos se rompe,
una cuerda azul se tensa en el torso.
El hueso perfora la piel del guante,
el himen violáceo, se hincha y se rompe,
un pegamento gotea sobre unos zapatos sucios,
el ojo se deshilacha, escalera giratoria
y, en el estruendo, estrellas rodantes,
la Tricéfalo ladra a los abismos del tiempo.
(Litanies pour une amante fúnebre, 2017. © Le Vampire actif)
Comme ma sœur la nuit
Comme la poussière aux feuilles de l’ortie,
Comme les sombres corridors d’enfance,
Comme ma sœur la nuit,
Tes lèvres fermées me parlent de la mort.
Comme des plumes sur la neige
Ou ces feux d’herbe dans le brouillard,
Comme ma sœur la nuit,
Ton corps scellé me parle de la mort.
Comme le lac d’ombre du noyer,
Comme le sang sur le pavé,
Comme ma sœur la nuit,
Le sel de tes yeux clos me parle de la mort.
Como mi hermana la noche
Como el polvo en las hojas de la ortiga,
como los oscuros corredores de la infancia,
como mi hermana la noche,
tus labios cerrados me hablan de la muerte.
Como plumas en la nieve
o esos fuegos de hierba en la niebla,
como mi hermana la noche,
tu cuerpo sellado me habla de la muerte.
Como el lago de sombra del nogal,
como la sangre en el pavimento,
como mi hermana la noche,
la sal de tus ojos cerrados me habla de la muerte.
(Litanies pour une amante fúnebre, 2017. © Le Vampire actif)
Pour réciter à la tombée du soir
Voûte céleste, rapace adamantin,
Mère-vautour, ferme sur moi ton aile.
Mère-vautour, océan noir et blanc,
Emporte-moi dans tes secrets abîmes.
Mère-vautour, limon sombre et fertile,
Avale-moi, gruge mes ossements.
Mère-vautour qui grondes dans les laves,
Mère-vautour qui planes sur les eaux,
Mère-vautour qui règnes sur les ombres,
Mère-vautour, dévore mes entrailles,
Mère-vautour des fleuves et du gel,
Mère-vautour de la nuit et du vent,
Mère-vautour de la terre et du ciel.
Para recitar al atardecer
Bóveda celeste, rapaz adamantina,
madre buitre, cierra sobre mí tu ala.
Madre buitre, océano blanco y negro,
llévame a tus profundos secretos.
Madre buitre, limo oscuro y fértil,
trágame; engasta mis huesos.
Madre-buitre que ruge en las lavas,
madre-buitre que flota sobre las aguas,
madre-buitre que reina en las sombras,
madre-buitre, devora mis entrañas,
madre-buitre de los ríos y el hielo,
madre-buitre de la noche y el viento,
madre-buitre de la tierra y el cielo.
(Litanies pour une amante fúnebre, 2017. © Le Vampire actif)
Anthorie
Couronnée d’anthories, soledad,
J’abandonne la forme et le son.
Pistil, je plonge dans les mines
Où s’égoutte l’eau de l’oubli.
Couronnée d’anthories, soledad,
Mon cœur est plié comme un éventail,
Tout englué de sang caillé.
Couronnée d’anthories, soledad,
Mes mortes sont sourdes ce soir
Et parlent des langages différents ;
Tous mes morts ont les yeux crevés.
Couronnée d’anthories, soledad,
De l’espace, la lassitude
A comblé les sommeils vibrants ;
Le verbe est un asque trop court.
Couronnée d’anthories, soledad,
Ma double image est étrangère ;
Là-bas étrangère, étrangère ici,
Dans ces palais souterrains de la mort.
Antera
Coronada con anteras, soledad,
renuncio a la forma y al sonido.
Pistilo, me meto en las minas
donde corre el agua del olvido.
Coronada con anteras, soledad,
mi corazón está doblado como un abanico,
está empapado en sangre coagulada.
Coronada con anteras, soledad,
mis muertas están sordas esta noche
y hablan lenguas diferentes;
todos mis muertos tienen los ojos reventados.
Coronada con anteras, soledad,
del espacio, el cansancio
colmó los vibrantes sueños.
El verbo es una asca insuficiente.
Coronada con anteras, soledad,
mi doble imagen es extranjera;
aquí extranjera, extranjera allá,
en esos palacios subterráneos de la muerte.
(Litanies pour une amante fúnebre, 2017. © Le Vampire actif)