Poesía francesa: A.C. Hello

Audomaro Hidalgo construye un dossier de poesía francesa contemporánea. Ahora nos acerca a la poesía de A.C. Hello. Nació en Francia hacia los años 80. Vive en París. Ha publicado Koma Kapital (Les presses du réel, colección Al Dante, 2021), Chambre froide (con Amandine André y Liliane Giraudon, a partir de fotografías de Fabienne Letang, Les presses du réel, colección Al Dante, 2020), La peau de l´eau (Pariah, 2019), Naissance de la gueule (Les presses du réel, colección Al Dante, 2015), Paradis remis à neuf (fissile, 2014). A.C. Hello practica la poesía sonora, de la cual derivan Animal Fièvre (Label Trace) y Le cas très inquiétant de ton cri (Melmac.Hello, Bisou records). El poema «Désobéissance à la lumière» pertenece al libro Chambre froide; el extracto 8 fue tomado de Naissance de la gueule (registrado también en el disco Le cas très inquiétant de ton cri); el extracto 1 forma parte del texto «La fabrication d’une bombe» del libro Chambre froide.

 

 

 

 

 

Désobéissance à la lumière

 

Je m’appelle Babak.

Tout le monde me sait.

Seule depuis que je suis née.

Sans début ni fin.

Je n’existe pas encore.

J’ai toujours existé.

Entre la vie et la mort.

Entre les temps.

Face à face avec Ideu.

Qui ne vaut pas grand-chose.

Babak est le Nom de Babak

Qui n’a plus de Nom.

Le meilleur nom

Pour tout ce qui se compose

Et se décompose dans la chute.

Je me soustrais à l’intérêt général.

Aux territoires.

Aux cris pathétiques.

J’ai remplacé mon père par Babak.

J’ai remplacé ma faim par Babak.

J’ai remplacé l’air par Babak.

J’ai remplacé les bombardements

De masse par Babak.

Le monde entier Babak.

Je me tiens toute entière dans l’ombre.

Rien ne m’en fera sortir.

Je m’appelle Babak.

Je viens de la mer.

Je suis moins que vous.

Je devrais me taire.

Condamnée aux travaux forcés aux îles du Salut.

Je n’ai jamais vu mon visage.

Accusée d’avoir couché avec mon père.

Accusée d’avoir couché avec mon fils.

Accusée d’avoir couché avec les bêtes.

Accusée d’avoir couché avec l’ennemi.

Accusée d’avoir causé la pauvreté.

Accusée d’avoir provoqué l’épidémie.

Accusée d’avoir comploté.

Accusée d’avoir maudit mes voisins.

Accusée d’avoir séduit le violeur.

Accusée d’avoir accusé le violeur.

Accusée de n’avoir pas pleuré.

Accusée d’avoir été engrossée.

Accusée de l’avoir caché.

Accusée d’avoir accouché furtivement

D’une fille accusée d’être née fille.

Accusée d’avoir fait cuire ma fille.

Accusée d’avoir jeté le corps dans un puits.

Accusée d’avoir empoisonné mon mari.

Accusée d’avoir incendié le bâtiment.

Accusée d’immoralité.

Accusée d’être l’Erreur.

Accusée par le greffier.

Accusée par le procureur.

Accusée par mon père.

Accusée par mes frères.

Accusée par mes voisins.

Accusée par le chirugien.

Accusée par le curé.

Accusée d’avoir désiré.

Accusée d’avoir désiré devenir.

Accusée d’être devenue.

Accusée d’être devenue désirante.

Le corps inspecté, le sexe fouillé

Par les mains désirantes

Des accusateurs désireux

De brûler mon désir.

Accusée tous les deux ou trois jours.

Tuée tous les deux jours.

Tuée cinquante-mille fois l’année.

Je signais les procès-verbaux d’une croix.

Plusieurs litres d’eau dans la bouche.

Condamnée à être brûlée.

Condamnée au bannissement perpétuel.

Condamnée à l’étranglement.

Et je dis, comme je leur ai ci-devant dit :

Je n’ai jamais su quelle était ma faute.

Jamais je ne fis du mal.

J’étais plus bas que tout.

Plus bas, bas que tout.

Je m’appelle Babak.

Je continue à nier.

Bête immobile,

Je suis née du feu.

 

Suspendue en place de Grève,

C’est d’ici que je parle.

Suspendue en place de Grève.

Coupable d’avoir vu

À travers leurs peaux.

Suspendue en place de Grève.

Je regarde vers le centre de la bête.

Suspendue en place de Grève.

Attentat mental

Au milieu de leurs regards.

Suspendue en place de Grève.

Leurs yeux pointus manipulent mes seins durs.

Suspendue en place de Grève.

Leurs cous tendus reniflent

Mon odeur de femme cuite.

Suspendue en place de Grève.

Séparée de mes bras.

Séparée de mes mains.

Séparée de mon ventre.

Séparée de mes jambes.

Mon cri reste figé.

Mon cri reste seul.

Suspendu en place de Grève.

Suspendue en place de Grève.

L’œil de la foule gémit

Afin que le Ciel fasse du sang.

Suspendue en place de Grève.

Usée par le sifflement des insultes.

Usée par le Ciel dont je suis la proie.

Un Ciel de visages blancs et détraqués.

Un Ciel aux yeux luisants, aux lèvres molles.

Qui scande mon nom à pleine gorge.

Le Ciel tout autour : voilà ma mort.

Un Ciel de bile et de haine.

Un Ciel de métal et de cendres.

Un Ciel de crachats et de pus.

Un Ciel de grilles et de fer.

Un Ciel de jets de pierres.

Un Ciel de vengeances particulières.

Qui de mon corps est le propriétaire.

Je me couche à cet endroit profond

Transpercé de cris d’oiseaux,

Où les vers et les mouches volent en éclats.

Son grand gosier digère

Lentement mes paupières démolies.

Un Ciel de caillots et d’entrailles

Se répand sous mes pieds.

Au ras du sol, un gros pigeon

Picore les vers de ma révolte.

 

Je m’appelle Babak.

Bête immobile,

Je ne réponds qu’à des signaux.

Partout. Il y en a partout.

Des signaux qui se déplacent

À l’horizontale.

Comme des fragments.

Comme des coupures

Qui se décollent des murs.

Ou des visages.

Qui me renvoient toujours à ceci :

Communiquer est un échec sanglant.

Chaque signal a son poids.

Un poids qui m’enfonce dans le sous-sol.

 Au dehors de ce que nous parlons.

Je reste à une certaine profondeur.

Couchée au centre de la terre.

Traversée de courants d’air.

Les humains ont perdu de leur intérêt.

Leur entreprise de vengeance

Me laisse sans rien.

Ils m’ont injecté leur venin.

Je ne les vois plus qu’en rêve.

Je tords dans mes oreilles

Leurs bouches cruelles.

Ça me donne envie de sang.

Je me glisse la nuit sous leurs paupières.

Je me cache dans leurs yeux

Pour y enfoncer mes os.

Je suis arrivée là par erreur.

Dans ce continent hostile

Myope et amnésique.

Mon cri noir habite tout le pays.

Bête immobile,

J’ai fait entrer dans mon cœur

La dureté frémissante

Des mortes mortes brusquement.

Ma salive a le goût de cendre.

Il ne me reste qu’un œil endolori

Arborescent, dont le bruit blanc

Creuse les consciences.

Un œil sec, qui met à mort

Toutes les charognes.

Bête immobile,

Je ne me déplace plus.

Je suis tout en bas.

Ils ne me voient pas.

Je prends racine

Dans la lumière noire.

Par terre Babak.

Ployée Babak.

Maudite Babak.

Hérissée.

Pleine de lune.

Ivre de rats.

J’habite provisoirement

Le lit épais du torrent.

C’est ici que je guéris.

Les vagues emportent mes joues.

Je m’appelle Babak.

Usée par le craquement des orages.

Usée par le déchirement des arbres.

Usée par le vin dans les artères.

Usée par les chansons brisées des esclaves.

Usée par les cris des couteaux.

La mousse mange mes cuisses.

Des arbres me poussent à travers le corps.

Y creusent des couloirs profonds

Où les abeilles s’engouffrent.

Je me nourris de poissons.

Leurs petits poids glacés

Glissent le long de ma gorge

Jusqu’à trouer la terre.

Les sauterelles escaladent

Mes paumes humides.

Un crabe solitaire traîne

Sa carapace dans mes poumons.

Prisonniers de la lune,

Les papillons de nuit

Vomissent sur les chrysanthèmes.

Leurs cris résonnent

Dans ma bouche ouverte.

Je vis au milieu d’eux

Parcourue de frissons.

C’est ici que je repose.

Dans les ondulations de l’eau.

Je n’ai pas de lèvres.

Je parle sans bruit.

Ils n’ont pas détruit en moi

Ce qui annule leur langue.

Ma parole est encore lente.

Elle roule dans l’ombre douce.

Je la perds de vue parfois.

Je retiens les mots

Entre ma peau et mes os.

Enfermés dans mon corps

Où jamais le cœur ne bat,

Ils cognent mes dents.

Je me divise.

Je me prolonge

La bave scintille.

Des veines battent.

Des muscles se tendent.

Des dents convulsives rongent l’aube.

Il n’y a plus une seule Babak.

Il y a un raccordement de Babak.

Une longue enfilade de crocs cosmiques

Et de narines bleuies, qui s’opposent à l’univers.

La distinction des Babak est impossible.

Je bégaye par millions.

Circonscrite dans ma minorité

Muette et indivisible.

Je m’appelle Babak.

Bête immobile,

J’ai de nouveaux yeux.

Je vais crever la surface.

Détruire leur injustice

Avec humilité.

Le monde s’apaisera.

 

 

 

 

 

Desobediencia a la luz

 

Me llamo Babak.

Todo el mundo me sabe.

Sola desde que nací.

Sin principio ni final.

Aún no existo.

Siempre he existido.

Entre la vida y la muerte.

Entre los tiempos.

Cara a cara con Ideu.

Que no vale nada.

Babak es el Nombre de Babak

Que ya no tiene Nombre.

El mejor nombre

Para todo lo que se compone

Y se descompone en la caída.

Me sustraigo al interés general.

A los territorios.

A los gritos patéticos.

Reemplacé a mi padre por Babak.

Reemplacé mi hambre por Babak.

Reemplacé el aire por Babak.

Reemplacé los bombardeos

De masas por Babak.

El mundo entero Babak.

Me mantengo en la sombra.

Nada me hará salir.

Me llamo Babak.

Vengo del mar.

Soy menos que ustedes.

Debería callarme.

Condenada a los trabajos forzados en las islas del Saludo.

Nunca he visto mi rostro.

Acusada de haberme acostado con mi padre.

Acusada de haberme acostado con mi hijo.

Acusada de haberme acostado con las bestias.

Acusada de haberme acostado con el enemigo.

Acusada de haber causado la pobreza.

Acusada de haber provocado la epidemia.

Acusada de haber conspirado.

Acusada de haber maldecido a mis vecinos.

Acusada de haber seducido al violador.

Acusada de no haber llorado.

Acusada de quedar embarazada.

Acusada de haberlo escondido.

Acusada de dar a luz furtivamente

A una niña acusada de haber nacido niña.

Acusada de cocinar a mi hija.

Acusada de haber tirado el cuerpo a un basurero.

Acusada de haber envenenado a mi marido.

Acusada de haber incendiado el edificio.

Acusada de inmoralidad.

Acusada de ser el Error.

Acusada por el secretario.

Acusada por el procurador.

Acusada por mi padre.

Acusada por mis hermanos.

Acusada por mis vecinos.

Acusada por el cirujano.

Acusada por el cura.

Acusada de haber deseado.

Acusada de querer ser.

Acusada de haber sido.

Acusada de ser deseable.

El cuerpo inspeccionado, el sexo auscultado

Por las manos deseantes

De los acusadores deseosos

De quemar mi deseo.

Acusada cada dos o tres días.

Asesinada cada dos días.

Asesinada cincuenta mil veces al año.

Firmo los procesos verbales con una cruz.

Varios litros de agua en la boca.

Condenada a ser quemada.

Condenada al destierro perpetuo.

Condenada a la horca.

Y digo, como les dije antes:

Nunca he sabido cuál es mi culpa.

Nunca he hecho daño.

Estoy debajo de todo.

Más abajo, abajo de todo.

Me llamo Babak.

Sigo negando.

Bestia inmóvil,

Nací del fuego.

 

Suspendida en lugar de Huelga,

Desde aquí hablo.

Suspendida en lugar de Huelga.

Culpable de haber visto

A través de sus pieles.

Suspendida en lugar de Huelga.

Miro hacia el centro de la bestia.

Suspendida en lugar de Huelga.

Atentado mental

En medio de sus miradas.

Suspendida en lugar de Huelga.

Sus miradas filosas acarician mis senos duros.

Suspendida en lugar de Huelga.

Sus cuellos extendidos huelen

Mi olor de mujer cocida.

Suspendida en lugar de Huelga.

Separada de mis brazos.

Separada de mis manos.

Separada de mi vientre.

Separada de mis piernas.

Mi grito se queda fijo.

Mi grito se queda solo.

Suspendida en lugar de Huelga.

Suspendida en lugar de Huelga.

El ojo de la multitud gime

Para que el Cielo cause sangre.

Suspendida en lugar de Huelga.

Agotada por el silbido de los insultos.

Agotada por el Cielo del que soy la presa.

Un Cielo de rostros blancos y lunáticos.

Un Cielo de ojos brillantes, de labios suaves.

Que grita mi nombre a todo pulmón.

El Cielo alrededor: esta es mi muerte.

Un Cielo de bilis y de odio.

Un Cielo de metal y de cenizas.

Un Cielo de escupitajos y de pus.

Un Cielo de rejas y de fierro.

Un Cielo de pedradas.

Un Cielo de venganzas particulares.

Propietario de mi cuerpo.

Me acuesto en este lugar profundo

Perforado de gritos de pájaros,

Donde los gusanos y las moscas saltan en pedazos.

Su enorme gaznate digiere

Muy despacio mis párpados destruidos.

Un Cielo de coágulos y de entrañas

Se extiende bajo mis pies.

Al ras del suelo, una paloma enorme

Picotea los gusanos de mi revuelta.

 

Me llamo Babak.

Bestia inmóvil,

Solo respondo por señales.

En todos lados. Hay en todos lados

Señales que se desplazan

Horizontalmente.

Como fragmentos.

Como cortaduras

Que se desprenden de los muros.

O de los rostros.

Que me llevan siempre a esto:

Comunicar es un fracaso sangriento.

Cada señal tiene su peso.

Un peso que me hunde en el sótano.

Fuera de lo que hablamos.

Me quedo a una cierta profundidad.

Acostada en el centro de la tierra.

Atravesada por corrientes de aire.

Los humanos han perdido interés.

Su empresa de venganza

Me deja sin nada.

Me han inyectado su veneno.

Sólo los veo en sueños.

Retuerzo sus bocas

Crueles en mis oídos.

Tengo ganas de sangre.

Por la noche me deslizo bajo sus párpados.

Me escondo en sus ojos

Para enterrar mis huesos.

Llegué ahí por error.

A ese continente hostil

Miope y amnésico.

Mi grito negro puebla todo el país.

Bestia inmóvil.

Hice que entrara en mi corazón

La dureza temblorosa

De los muertos bruscamente muertos.

Mi saliva sabe a ceniza.

No me queda sino un ojo adolorido

Arborescente, cuyo ruido blanco

Cava las conciencias.

Un ojo seco que da muerte

A todos los carroñeros.

Bestia inmóvil,

No me desplazo más.

Estoy en el fondo.

No me ven.

Echo raíces

En la luz negra.

En el suelo Babak.

Doblegada Babak.

Maldita Babak.

Erizada.

Llena de luna.

Ebria de ratas.

Habito provisionalmente

La cama espesa del torrente.

Aquí es donde sano.

Las olas se llevan mis mejillas.

Me llamo Babak.

Agotada por el crujido de las tormentas.

Agotada por el desgarramiento de los árboles.

Agotada por el vino en las arterias.

Agotada por las canciones rotas de los esclavos.

Agotada por los gritos de los cuchillos.

La espuma devora mis muslos.

Me crecen árboles a través del cuerpo.

Cavan corredores profundos

Por donde se precipitan las abejas.

Me alimento de peces.

Sus livianos pesos helados

Resbalan por mi garganta

Hasta agujerear la tierra.

Las langostas escalan

Mis palmas húmedas.

Un cangrejo solitario arrastra

Su caparazón en mis pulmones.

Prisioneras de la luna,

Las mariposas de noche

Vomitan sobre los crisantemos.

Su grito resuena en mi boca abierta.

Vivo en medio de ellos

Recorrida de escalofríos.

Aquí es donde descanso.

En las ondulaciones del agua.

No tengo labios.

Hablo sin ruido.

No destruyeron en mí

Lo que anula su lengua.

Mi palabra es lenta aún.

Rueda en la sombra dulce.

A veces la pierdo de vista.

Retengo las palabras

Entre mi piel y mis huesos.

Encerradas en mi cuerpo

Donde nunca bate el corazón,

Golpean mis dientes.

Me divido.

Me prolongo.

La baba brilla.

Unas venas luchan.

Unos músculos se tensan.

Unos dientes rabiosos roen el alba.

Ya no hay una Babak.

Hay un empalme de Babak.

Una larga hilera de colmillos cósmicos.

Y de narices azuladas, que se oponen al universo.

La distinción de las Babak es imposible.

Tartamudeo por millones.

Circunscrita en mi minoría

Indivisible y muda.

Me llamo Babak.

Bestia inmóvil.

Tengo ojos nuevos.

Voy a reventar la superficie.

Destruir su injusticia

Con humildad.

El mundo se apaciguará.

 

 

 

 

 

Extrait 8

 

Jouir.

[Cognements].

Laisser surgir d’insignifiants détails,

tes convoitises, ta perversité, ton narcissisme, Carnaval,

je laisse surgir,

ta prétention je laisse surgir,

ton ignorance, tes menaces,

je laisse surgir,

tes chiffres je laisse surgir,

tes lois, ta puanteur, ta nation,

je laisse surgir,

cognements ta masse, cognements tes sondages, cognements ton époque je laisse surgir,

ta niaiserie je laisse surgir,

ton espace vital je laisse surgir,

ta guerre je laisse surgir,

ton destin de frite sans vie,

tes qualités naturelles je laisse surgir,

ta domestication, ta soif,

tes sacrifices je laisse surgir,

ton apathie, tes contraintes,

tes pressions je laisse surgir,

tes frissons, tes optimisations je laisse surgir, ta psychologie fragile, ton égoïsme désinvolte,

ta micro-volonté hostile,

ta routine irrationnelle je laisse surgir,

ta liberté servile, ta solidarité conflictuelle, je laisse surgir,

ton indifférence obscène,

ta possessivité je laisse surgir,

ton mimétisme je laisse surgir,

ta grande confusion je laisse surgir,

ton libre arbitre illusoire, tes groupes de pression, ta lutte des classes,

ta classe dirigeante je laisse surgir,

ta viscosité, ton entropie je laisse surgir, ta grandeur tartuffe je laisse surgir,

tes prototypes, tes héros,

je laisse surgir,

ta perpétuité je laisse surgir,

ton idéal faiblard je laisse surgir,

tes taux de rendement, tes révolutions, tes macérations, ta vulgarité,

ta volatilité je laisse surgir,

tes bidonvilles,

je laisse surgir,

tes matraques,

je laisse surgir,

tes cadavres je laisse surgir.

 

 

 

 

 

Extracto 8

 

Gozar.

[Golpes].

Dejar que surjan detalles insignificantes,

tu codicia, tu perversidad, tu narcisismo, Carnaval,

dejo que surjan,

tu pretensión dejo que surja,

tu ignorancia, tus amenazas,

dejo que surjan,

tus cifras dejo que surjan,

tus leyes, tu hedor, tu nación,

dejo que surjan,

golpes tu masa, golpes tus encuestas, golpes tu época dejo que surjan,

tu necedad dejo que surja,

tu espacio vital dejo que surja,

tu guerra dejo que surja,

tu destino sin vida,

tus cualidades naturales dejo que surjan,

tu domesticación, tu sed,

tus sacrificios dejo que surjan,

tu apatía, tus restricciones,

tus presiones dejo que surjan,

tus escalofríos, tus mejoras dejo que surjan, tu frágil psicología, tu egoísmo desenfadado,

tu micro-voluntad hostil,

tu rutina irracional dejo que surjan,

tu gran confusión dejo que surja,

tu libre albedrío ilusorio, tus grupos de presión, tu lucha de clases,

tu clase dirigente dejo que surjan,

tu viscosidad, tu entropía dejo que surjan, tu falsa grandeza dejo que surja,

tus prototipos, tus héroes,

dejo que surjan,

tu perpetuidad dejo que surja,

tu ideal debilucho dejo que surja,

tus tasas de rendimiento, tus revoluciones, tus maceraciones, tu vulgaridad,

tu volatilidad dejo que surjan,

tus barrios miseria,

dejo que surjan,

tus garrotes,

dejo que surjan,

tus cadáveres dejo que surjan.

 

 

 

 

 

 

Extrait 1

 

Le cri s’était retiré de ses lèvres, il avait collé son oreille sur le cri chancelant qui séchait sur le drap blanc, il avait cloué contre sa joue ce cri d’oiseau, ce sifflement de papillon, ce cri rampant de mouche, des cheveux sortaient de ce cri, qu’il écrasait de ses deux mains lentement, puis le cri revenait et s’élargissait, tournait au-dessus de sa tête avant de s’écrouler, on entendait sa chute dans les étages inférieurs, on entendait s’agripper aux murs le gémissement de cette femme qu’il lui fallait faire crier, dont il examinait le cri et le redoutait, à se faire crier de cette femme noire à l’excès, qu’il aurait voulu voir saigner, cette femme noire de pensées tout à son excès de penser fort, tout à son excès de commenter ces hommes qui halètent dans les bureaux et les parkings, tout à leurs excès d’hommes malades essentiellement ignorés de tous, leurs maladies d’hommes à se traîner dans ses jambes, leurs maladies d’hommes habillés et frissonnants, et il sent bien un nombre grandissant et disproportionné d’ongles plantés dans la chair de cette femme, il voit bien qu’il n’est plus seul et qu’il fait désormais partie d’une somme d’hommes contrariés qui, depuis ce premier jour, glissent en grappe sur le sol, charriés par cette femme courbée sous le ciel pisseux, qui est devenue le nouveau mot du monde, où convergent tous les individus à membres poisseux, cette provocation de femme à chiens, où s’entortillent tous les nœuds de ces hommes pendus, cette femme qu’ils voudraient soulever par la nuque, mais qui, depuis ce premier jour, n’est plus qu’un souvenir dans lequel ils s’accroupissent, à en balbutier la lumière, zézayants et nus, et voici alors cette femme, qui semble simplement mue par le déplacement de l’air, pour qui il n’y a de nuit qu’entre ses dents, une nuit qui lui déboîte la bouche à ce point qu’à ce point sa salive en surabondance l’étouffe, une nuit qui frappe ses profondeurs de tout son poids de cri et de sang, qui coule maintenant au coin supérieur gauche de sa lèvre avant de tomber et rouler au sol.

La chose tombée de sa bouche, le poids de cette chose dure, qui inquiète la maison et griffe les vitres, le poids de cette chose compacte et luisante, aux pupilles contractées, dont les mâchoires claquent violemment, et dont les vaisseaux éclaboussent le cas dramatique de cette femme immobile qui, depuis une heure, un jour, un mois, un an, attend que de sa bouche se détache et tombe cette chose dure. Tombée de sa bouche pleine, cette chose qui pousse hors d’elle dans le sol sale, est le signe qu’elle habite encore quelque part. Tombée de sa bouche pleine : la tête raidie des mères des filles des sœurs et des enfants rauques, qui déclare le droit de la résistance à l’oppression pour ces femmes qu’on enjambe, qui meurent soigneusement, la bouche brisée, comme un vieux rêve qui aurait mal tourné depuis les temps des temps anciens où la nuit frappait et frappait aux boyaux les mères, les sœurs et les filles des mères, des sœurs et des filles des mères, des sœurs et des filles des mères, des sœurs et des filles confinées dans le silence, qui ont attendu une heure, un jour, un mois, un an, des siècles, que cette grosse chose lourde tombe de leur bouche, se relève et leur fasse du mal à tous.

 

 

 

 

 

Extracto 1

 

El grito se había retirado de sus labios, él había pegado su oreja al grito tembloroso que se secaba en la sábana blanca, había clavado contra su mejilla ese grito de pájaro, ese silbido de mariposa, ese zumbido rampante de mosca, unos cabellos crecían de ese grito, que él aplastaba muy despacio con sus dos manos, luego el grito volvía y se extendía, giraba encima de su cabeza antes de desplomarse, se escuchaba su caída en los pisos de abajo, se escuchaba aferrarse a los muros el quejido de esa mujer que él hacía gritar, cuyo grito examinaba y temía, esa mujer excesivamente negra gritándole, que él quisiera ver sangrar, esa mujer negra de pensamientos por su exceso de pensar, que habla en forma excesiva de esos hombres que jadean en las oficinas y los estacionamientos, esos hombres enfermos esencialmente ignorados por todos, de sus enfermedades de hombres que se arrastran, de sus enfermedades de hombres vestidos y escalofriantes, y él siente un número creciente y desproporcionado de uñas clavadas en la carne de esa mujer, se da cuenta que ya no está solo y que forma parte de una suma de hombres irritados que, desde ese primer día, se deslizan por montones en el suelo, provocados por esa mujer doblegada bajo el cielo pestilente, esa provocación de mujer de la calle donde convergen todos los individuos de miembros pegajosos, donde se enredan como nudos esos hombres, esa mujer que quisieran levantar por el cuello pero que desde ese primer día, ya no es sino un recuerdo donde se agazapan, balbuciendo la luz, desnudos y ceceando, y aquí está esa mujer que parece simplemente muda por el desplazamiento del aire, para que sólo haya noche entre sus dientes, una noche que le disloca la boca hasta el punto que su saliva sobreabundante la ahoga, una noche que golpea sus profundidades con todo su peso de grito y de sangre, que corre ahora en la comisura izquierda de su labio antes de caer y de rodar por el suelo.

La cosa que cae de su boca, el peso de esa cosa dura, que preocupa a la casa y araña los cristales, el peso de esa cosa compacta y brillante, de pupilas contraídas, de mandíbulas que chasquean con violencia, de vasos que salpican el caso dramático de esa mujer inmóvil que desde hace una hora, un día, un mes, un año, espera que de su boca se desprenda y caiga esa cosa dura. Caída de su boca llena, esa cosa que crece en el suelo sucio es una señal de que ella vive aún en alguna parte. Caída de su boca llena: la cabeza rígida de las madres de las hijas de las hermanas y de los niños roncos, que declara el derecho de la resistencia a la opresión para esas mujeres que mueren cuidadosamente, la boca rota, como un viejo sueño que salió mal desde los tiempos de los tiempos antiguos en donde la noche golpeaba y golpeaba las entrañas de las madres, las hermanas y las hijas de las madres, de las hermanas y de las hijas de las madres, de las hermanas y de las hijas de las madres, de las hermanas y de las hijas confinadas al silencio, que han esperado una hora, un día, un mes, un año, siglos, que esa pesada cosa caiga de su boca, se levante y les haga daño a todos.     

 

 

 

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