Veinte poetas francófonos recientes: Linda Maria Baros

En el marco de nuestro dossier de poesía francófona reciente preparado por Gustavo Osorio de Ita y Sergio Eduardo Cruz, toca el turno a Linda Maria Baros (Bucarest, 1981), poeta, ensayista y traductora,  es una de las voces que con mayor peso se afirman en el panorama contemporáneo de la poesía francófona. Ganó hacia el 2007 el prestigioso premio de poesía Guillame Apollinaire, tras lo cual, en 2013, fue nombrada miembro titular de la Académie Mallarmé. Quizás es la sinceridad cotidiana –la pulcritud y precisión en el nivel expresivo– mezclada con figuras que desautomatizan al lector, aquello que consigue que la poesía de Linda Maria Baros haya sido publicada, hasta el momento, en más de una veintena de países. Las traducciones corren a cargo de Gustavo Osorio de Ita.

 

 

 

Los niños pasados al tamiz

 

Es por ti,

para que seas más grande y más bella

y más recta,

que me he cortado el corazón en dos,

como una pezuña de cordero.

 

Robé y mentí, escupí sangre.

 

Lavé cadáveres

y dormí sobre bolsas de plástico

llenas de residuos encontrados en la basura,

en calles que te hacen guardar siempre

un cuchillo en la mano dormí,

entre las escaleras de los viejos mendigos de la ciudad,

quienes, en tu honor, se dejaron crecer

la barba hasta los tobillos,

como los antiguos sumerios

que partían para cazar leones para sus bien amados.

 

Por ti yo dejé de rondar

por los cagaderos de medianoche,

es ante ti que lloré cuando rascabas la tierra

con las uñas, como un caballo con los ojos arrancados,

lloré como una suicida

a la cual el tren calienta las piernas.

 

He vivido entre los niños de la calle

que inhalan pegamento, lívidos

como algunas piedras grandes sacudidos

por los filones del éter,

que el tamiz hace girar en la trituradora,

en los desagües.

 

Es por ti que yo grité en el cruce de caminos, izada

– sobre cierta raedura izada –

en las horquillas de los barbados.

Me dejé hurtar por los ladrones, por los tramposos,

en el escándalo de cucharas grandes como palas,

que tintineaban en los comedores.

 

Vagué por los bares

que percibían el gas, el chipset quemado, la red,

me froté con las pirámides de vodka

y con las manos de tus grandes hombres

– como un gato que se frota con el manual de electricidad –

ellos también vaciaron mi otra mejilla,

sin cesar sus dedos golpearon mi costado

y me cortaron el corazón en cuatro,

riendo, “porque las auras de los santos son así”

y me pasaron al tamiz

junto con tus otros hijos,

me amordazaron con otras palabras.

 

En tu nombre, me escondí, como basura,

en mis bolsillo, entre los rebaños,

las vigorosa ratas de la traición.

Alimenté, es con mi propia carne

que alimenté el pitbull de la mazmorra.

Lloré cuando rascabas la tierra con las uñas,

siempre como un caballo con los ojos arrancados.

 

Sí, es por ti que entré a la fuerza en este mundo

como una ola de sangre

que no reencuentra su camino hacia el corazón.

 

 

 

El fondo principal de las palabras

 

Si no escribes todos los días mi nombre,

oh, que tu mano sea aplastada por el torno de las frases!

Endurecida, la boca

con la que garabateas las palabras!

Apaleado discurso

que abre las trampas para lobos

entre tu y nosotros!

 

Y que sean siempre incurables, tus lesiones,

que laves mis lágrimas

llevadas a la ciudad en un barril!

Y que tu rostro

esté eternamente manchando las ventanas,

si no tallas por siempre

mi nombre en la lata del amor!

 

Ah, pero si durmiendo, no escribes mi nombre,

con letras suaves,

delicadas, como en nuestros inicios,

entonces, te coseré los labios

profundamente, con tripa de gato!

 

 

 

De amor y de cianuro!

 

No me llames desde tu casa, en tu ático,

mientras giras – como un descerebrado girando! –

las perillas de la estufa,

para derrotar de una vez por todas

el aullido de los viejos lobos del hogar,

sus pelajes en muda,

que sin cesar te empujan hacia los brazos,

la noche, como forúnculos, mientras extingues

los cigarrillos profundamente en tu carne.

 

No me llames desde tu casa, en tu ático,

cortando – como un descerebrado cortando!  –

entre los barrotes de la cama,

en la puerta, bajo la bota,

tu tibia y peroné

– los oigo castañear en mi computadora –

como si dividieras

la vieja escopeta de caza de tu padre,

demasiado infeliz como para que puedas cargarla de nuevo,

después de que él se voló los sesos

y, presa de los espasmos, rompió su puerta

a patadas.

 

No me llames desde tu casa, en tu ático,

ya que iré!

Y me voy arrancar el corazón del pecho,

Io mellaré con los dientes

y lo espolvorearé con sal

extraída con un piolet

de mis glándulas lacrimales

y lo lanzaré,

como se lanza una piedra de molino,

para que te rompa la tibia y el peroné,

– en trozos pequeños! –

para que se amontone profundamente en el horno

tu respiro de amoniaco

y para que corte para siempre

tu cabeza de su bestia salvaje!

 

 

 

 

Les enfants passés au tamis

 

C’est pour  toi,

pour que tu sois plus grande et plus belle

et plus droite,

que je me suis coupé le cœur en deux,

comme un sabot d’agneau.

 

J’ai volé et j’ai menti, j’ai craché du sang.

 

J’ai lavé des cadavres

et j’ai dormi sur des sacs plastique

remplis de déchets trouvés dans les poubelles,

dans des rues qui gardent toujours

un couteau à la main j’ai dormi,

parmi les écailles des vieux mendiants de la ville,

qui, en ton honneur, se sont laissés pousser

la barbe jusqu’aux chevilles,

comme les anciens Sumériens

partis chasser des lions pour leurs bien-aimées.

 

C’est pour toi que je me suis laissé hanter

par les cagous de minuit,

c’est auprès de toi que j’ai pleuré quand tu grattais la terre

avec les ongles, comme un cheval aux yeux arrachés,

j’ai pleuré, comme une suicidaire

dont le train réchauffe les jambes.

 

J’ai vécu parmi les enfants de la rue

qui inhalent de la colle, livides

comme quelques grosses pierres bercées

par les filets de l’éther,

que le tamis fait tourner dans le concasseur,

dans les égouts.

 

C’est pour toi que j’ai hurlé à la croisée des chemins, hissée

– sur quelque raclage hissée –

dans les fourches des barbeaux.

Je me suis laissé voler par les casseurs, par les magouilleurs,

dans le vacarme des cuillères grandes comme des pelles,

qui tintaient dans les gamelles.

 

J’ai erré à travers les troquets

qui sentaient le gaz, le chipset brûlé, le réseau,

je me suis frottée aux pyramides de vodka

et aux mains de tes grands hommes

– comme un chat qui se frotte au manuel d’électricité -,

ils ont aussi empourpré mon autre joue,

sans cesse leurs doigts ont heurté ma côte

et ils ont coupé mon cœur en quatre,

en riant, « parce que les auras des saintes sont ainsi »,

et ils m’ont passée au tamis

en même temps que tes autres enfants,

ils m’ont mis le bâillon d’autres paroles.

 

En ton nom, j’ai caché, comme une ordure,

dans mes poches, parmi les hardes,

les rats vigoureux de la trahison.

J’ai nourri, c’est avec ma chair

que j’ai nourri le pitbull du cachot.

J’ai pleuré, quand tu grattais la terre avec les ongles,

tout comme les chevaux aux yeux arrachés.

 

Oui, c’est pour toi que je suis entrée en force dans ce monde

comme une vague de sang

qui ne retrouve plus son chemin vers le cœur.

 

 

 

Le fonds principal de mots

 

Si tu n’écris pas tous les jours mon nom,

oh, que ta main soit écrasée par l’étau des phrases !

Raidie, la bouche

avec laquelle tu gribouilles les mots !

Fouettée la parole

qui ouvre des pièges pour les loups

entre toi et nous !

 

Et qu’elles soient inguérissables à jamais, tes blessures,

que tu laves de mes larmes

amenées en ville dans une barrique !

Et que ton visage

soit éternellement souillé dans les fenêtres,

si tu ne taillades pas tous les jours

mon nom sur le bidon de l’amour !

 

Oh, mais si, en dormant, tu n’écris pas mon nom,

avec des lettres douces,

délicates, comme à nos débuts,

alors, je te le coudrai sur les lèvres

profondément, avec du catgut !

 

 

 

D’amour et de cyanure !

 

Ne m’appelle pas chez toi, dans ta mansarde,

tournant – comme un écervelé tournant ! –

les boutons de la cuisinière,

pour te défaire une fois pour toutes

des hurlements des vieux loups du four,

de leurs poils mués,

qui te poussent sans cesse sur les bras,

la nuit, comme des furoncles, alors que tu éteins

les cigarettes profondément dans ta chair.

 

Ne m’appelle pas chez toi, dans ta mansarde,

fendant – comme un écervelé fendant ! –

entre les barreaux du lit,

dans la porte, sous la botte,

ton tibia et ton péroné

– je les entends craqueter dans mon portable -,

comme si tu fendais

le vieux fusil de chasse de ton père,

trop poisseux pour que tu puisses le charger à nouveau,

après qu’il se fut brûlé la cervelle

et, pris de spasmes, qu’il eut cassé ta porte

à coups de pied.

 

Ne m’appelle pas chez toi, dans ta mansarde,

puisque j’y viendrai !

Et je m’arracherai le cœur de la poitrine,

je l’entaillerai avec les dents

et je le saupoudrerai de sel

extrait avec une rivelaine

de mes glandes lacrymales

et je le jetterai,

comme l’on jette une meule,

pour qu’il brise ton tibia et ton péroné,

– en de menus morceaux ! -,

pour qu’il entasse profondément dans le four

ton souffle d’ammoniaque

et pour qu’il fende à jamais

ta tête de bête sauvage !

 

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